Il est difficile de résumer l’histoire de Locataires (Kim Ki-duk, 2004) tant son récit repose sur des figures et des suites d’évitement : Tae Suk, un jeune homme qui ne prononce pas un mot pendant tout le film, attend que des familles partent en vacances afin de pénétrer chez eux à leur insu. Cependant, l’effraction mise à part, Tae Suk ne commet aucun vol ni aucun crime : il se contente d’habiter en fantôme ces maisons vides jusqu’au jour où il rencontre Sun-hwa, tout aussi muette, qui le suit en silence. Seules les paroles de la chanson Gafsa (Natacha Atlas), qu’ils écoutent à plusieurs reprises, témoignent de leur invisible et inaudible présence au monde. Seule la partition minimaliste et parcimonieuse de Slvian, par degré, s’attache à commenter leurs actions. En somme, seuls les musiques et les sons du film révèlent ce que la mise en scène tente de dissimuler, c’est-à-dire des corps présents mais inaperçus. Dans cette communication, nous souhaitons interroger la façon dont les musiques d’Atlas et de Slvian, ainsi que les ambiances sonores du film, articulent l’inmontré au perceptible. Après avoir comparé Locataires à des films faisant appel à des procédés identique nous montrerons que la musique, hors-champ, procède au décentrage de la narration, puis que le traitement sonore des détails vise à rendre perceptible ce que l’image ne montre (presque) pas.
